Rencontre avec Melania Avanzato
Melania Avanzato est née sur les rives de la Méditerranée, de parents italiens, et a grandi entre deux pays.
Le déracinement et le voyage la mènent naturellement à se servir très tôt de l’image comme accessoire de mémoire.
Rencontre avec une belle artiste lors de son exposition « Nos corps dans l’espace » au Carré Amelot,, Centre Culturel de la ville de La Rochelle, à découvrir jusqu’au 28 mai 2022.
Melania Avanzato, en trois mots ?
Curiosité (permanente), attention (aux regards et aux expériences) et obstination (discrète).
Ton plus beau souvenir ?
Pour les meilleurs souvenirs j’aurais bien du mal à hiérarchiser, je m’enthousiasme tous les jours pour les belles choses, des plus simples aux plus extraordinaires, et la vie en est pleine, on n’a pas fini d’être surpris…
Cependant en entendant ta question un souvenir d’enfance est remonté à la surface, inopinément, je n’y avais jamais repensé. C’est drôle, il remonte à cette période de la vie qui supporte mal d’attendre, qui est soumise à des décisions d’adultes qui semblent toujours vaguement absurdes, qui vit tout intensément et qui ne voudrait jamais sortir de l’eau même tremblant et les lèvres violettes!
Il fallait attendre, je ne sais plus combien de temps, trop longtemps, après le repas pour pouvoir enfin retourner dans l’eau. Nous avions mangé tard et la nuit arrivait, le vent bleu du soir, les lumières du village de pêcheurs au loin…
A force d’insister on nous délivrait enfin l’autorisation et courrions hurlants vers les vagues, troupeau d’enfants désordonnés, échevelés, bruyants et enthousiastes… Et on serait sans doute bien restés là toute la nuit si on ne nous rappelait pas, déjà, depuis la plage. A ce moment là je me suis retournée et il y avait, au delà des arbres, une énorme lune rouge.
C’était la première fois de ma vie que j’observais le phénomène, j’avais encore les pieds dans l’eau et je me souviens clairement de la sensation de plénitude fugace que j’ai ressenti : tout était là, disproportionné, au bon endroit, parfaitement aligné, relié…
En le disant, je me rends compte que c’est ce parfait alignement que j’ai cherché à reproduire ensuite, en faisant de la photo (mais à ce moment là j’étais surtout incroyablement ravie d’être dans la mer, la nuit, le vent pourtant chaud qui donnait la chair de poule sur la nuque mouillée).
Ton rêve le plus fou ?
Mon rêve le plus fou ? ça je ne sais pas, je suis plutôt raisonnable. En général j’évite de penser aux choses irréalisables pour me concentrer sur le réel (et j’avance doucement).
Prochain(s) projet(s) ?
Un travail au long cours sur les jeunes filles en milieu rural avec Mélissa, un sujet passionnant qui me permet de décaler mon regard par rapport à la campagne française, aux points de vues urbano-centrés sur la jeunesse en général…
Et puis un travail sur le rapport des jeunes filles au costume traditionnel en Sardaigne, une plongée dans mes racines insulaires du côté maternel.
Le(s) mot(s) de la fin ?
Pour le mot de la fin je vais attendre encore un peu, rien n’est définitif !