Rencontre avec Laurence Andreini
Le travail de Laurence Andreini s’est toujours nourri de rencontres. Elle croit en un théâtre qui attire à lui la poésie, la musique, la danse et à la force et la richesse des compagnonnages, ceux de toujours et ceux à venir.
Une belle rencontre de Marguerite La Rochelaise dans les jardins de l’Hôtel Leclerc.
Laurence Andreini, en trois mots ?
Destin, amour et femme.
Ton plus beau souvenir ?
Le fleuve en Guyane, sur une pirogue. Mettre deux tabourets et un rideau rouge et partir à Mana, un village à une centaine de kilomètres de Cayenne, jouer du théâtre avec une troupe semi professionnelle. Une troupe créée avant le Théâtre Amazone qui s’appelait l’Atelier Théâtre d’Ulysse. Mon plus beau et plus émouvant souvenir c’est de décharger ces quelques objets, les poser, jouer là où l’on se trouve, avoir des gens qui regardent mais qui participent aussi. On jouait un extrait de La Rose Tatouée de Tennessee Williams. Et il y a eu un théâtre dans le théâtre où les spectateurs sont aussi devenus acteurs… Depuis ce jour là de 1987 je n’ai eu de cesse d’interroger et de questionner la place du réel, la représentation du réel et ses limites. J’aime jouer avec les non limites.
Ton rêve le plus fou ?
J’ai un rêve à La Rochelle, ville qui m’a accueillie avec beaucoup de cœur en 1993, qui serait d’emmener les spectateurs sur un bateau. Un bateau ivre. Partir des Plates à Chef de Baie sur un bateau théâtre qui irait jusqu’aux Minimes par exemple. Que pendant cette traversée les spectateurs qu’on embarque soient nourris de textes. Arrivés aux Minimes, nous débarquerions les spectateurs pour en embarquer de nouveaux pour nous rendre dans le vieux port de La Rochelle. Les autres spectateurs prendrait alors un autre bateau. Et au bout du compte tout le monde se retrouverait à un endroit à décider…. Faire ainsi en sorte que ces frontières de terre et de mer soient reliées à la fois par l’art qu’est le théâtre mais aussi par le transport qu’est le bateau et surtout par l’humain. Créer des ponts entre deux états, deux matières. Et au bout du CONTE embarquer en nous une histoire construite par ce cheminement de façon à pouvoir réensemencer d’autres gens qui auront l’envie de prendre ces bateaux. Comme une espèce de passeur. Ce n’est pas un rêve si fou que ça mais cela fait longtemps que j’y pense.
Futur(s) projet (s) ?
Il y en a plusieurs. Depuis 2021 je suis inscrite dans un parcours doctoral à La Rochelle Université avec cette question de la représentation du réel au sein de la famille et sur les plateaux ultra contemporain argentins et français de 2005 à 2025. Pour cette thèse en recherche création je m’appuie sur le texte En découdre de Véronique Willmann, autrice qui a créé Le ciel de Royan. Elle a écrit une histoire suite à la mort de sa mère où son père lui a donné l’injonction de vider ses armoires. Avec l’inventaire de six meubles, elle révèle un secret de famille. Je viens de réaliser la troisième résidence à l’université de La Rochelle, la première ayant eu lieu à la Maison des écritures et la seconde à La Coursive. Mon prochain projet est la finalisation, après la soutenance de cette thèse en 2025, de la création d’ En découdre, même s’il y a déjà eu ces trois étapes.
Par ailleurs, dans très peu de temps, le 21 septembre 2024, pendant les Journées Européennes du Patrimoine, je vais créer un texte intitulé Elvire Jouvet 40, spectacle théâtral conçu par Brigitte Jaques-Wajeman, et le jouer ici dans les jardins de l’Hôtel Leclerc à La Rochelle. Ce qui me touche beaucoup c’est que ces sept leçons de Louis Jouvet débutent le 14 février 1940 et s’achèvent le 21 septembre 1940. C’est un signe ! C’est important pour moi de transmettre et toujours interroger ce que je vis, ce qui m’ébranle, de façon à rester en contact avec la réalité.
Le(s) mot(s) de la fin ?
Merci de consacrer un temps à la création immédiate.
Suivez l’actualité de Laurence Andreini et le Théâtre Amazone sur son site, Facebook et Instagram.