Florent Silloray est scénariste, dessinateur et coloriste de bandes dessinées français. Formé aux Beaux-Arts de Nantes, il part à la fin des années 1990 pour les antipodes, où il partage la vie des tribus kanakes de Lifou, et œuvre à la création d’un fonds ethnographique sur la culture kanak.

Un séjour dont il témoignera à son retour par un très bel album, « Lifou« , paru chez Sarbacane en 2004. Après « Tout froissé », en 2006, il publie « Yancuic le valeureux » en 2007, une superbe fable écologique.

Il vit aujourd’hui à La Rochelle où il se consacre à l’illustration. Une belle rencontre de Marguerite La Rochelaise pour la sortie de son nouvel album « Un tournage en Enfer, Au coeur d’Apocalypse now » édité chez Casterman.

Florent Silloray, en trois mots ?

Dessinateur, homme, La Rochelle

Ton plus beau souvenir ?

Ouh là…C’est compliqué… C’est en lien avec la lumière et la couleur que j’ai pu rencontrer en trois endroits que j’adore : les lumières sur les peintures de Monnet à l’Orangerie à Paris, des études colorées qui sont pour moi un grand cours de peinture et de couleurs. A chaque fois que j’y retourne je suis enseveli par ces couleurs et j’essaie de le retrouver tous les trois-quatre ans. Egalement la lumière particulière des Tropiques où j’ai vécu pendant trois ans à la fin des années 1990 en Nouvelle Calédonie. Une lumière, très crue, très blanche que je retrouve d’ailleurs aussi ici à la Rochelle. Une lumière que j’ai découverte il y a 20 ans en arrivant dans cette magnifique ville dont je ne suis toujours pas blasé. C’est un réel plaisir d’entendre de ton atelier les vergues des voiliers, les cornes des bateaux et les oiseaux de mer… Il y a pire comme endroit pour travailler ! (rires)

Ton  rêve le plus fou ?

Peut-être de faire le livre de bandes dessinées ultime en y mettant tout ce que j’ai envie d’y mettre autant en couleurs qu’en scénario. Je tourne autour de cela depuis un certain temps et heureusement je n’y suis pas encore arrivé ! Mais je m’y emploie très sérieusement (rires).

Prochain(s) projet(s) ?

Pour l’instant je sors juste de cet « enfer » qui a été extrêmement dur et très fatigant à réaliser. Un album graphique sur 150 pages, en couleurs directes, je ne l’avais jamais fait auparavant. Je tenais à le faire « à l’ancienne » comme Coppola l’a fait pour son film. J’étais seul à l’écriture, au dessin mais aussi au scénario et à l’enquête et c’était parfois compliqué. J’assimile cela à l’ascension d’une montagne. En solo c’est dur même si le rôle de mon éditeur a été important qui fut une espèce de phare dans le brouillard, une vigie. Cette aventure, nerveusement éprouvante, a duré quatre ans. Elle a d’ailleurs commencé 15 jours avant le confinement en mars 2020. Il m’ a fallu beaucoup de temps pour sortir les planches. Une année a déjà été nécessaire pour le scénario et l’enquête. Tout cela pour dire que je suis un peu las aujourd’hui et j’ai besoin d’autre chose. Pour la première fois je travaille sur un projet avec une scénariste. Une très belle histoire qu’elle est venu m’apporter. J’ai partagé un atelier avec Quitterie Simon il y a quelques années et elle vient de m’apporter le sujet en or qui fait même saliver mon éditeur (rires). Cela fait dix ans que j’enchaîne les albums, c’est donc bien aussi de faire une petite pause et se ménager.

Le(s) mot(s) de la fin ?

Oh c’est compliqué ça… Je vais parler d’autres albums. Faire un peu de pub pour un autre album que le mien. je suis revenu de Paris avec le dernier album de Christophe Chabouté intitulé « Musées » publié chez Vent d’Ouest. C’est juste somptueux. C’est un tour de force réalisé en noir et blanc. Une histoire qui se déroule au Musée d’Orsay une fois que le public est parti et que les grilles sont fermées. Les tableaux et sculptures bougent, vont discuter les uns avec les autres et c’est vraiment super beau, avec un graphisme très intéressant !

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