Les portraits d’Olivier Rocheau
Dans le cadre de l’édition 2021 du Printemps Fleuriau, l’association Printemps Fleuriau a convié le plasticien Olivier Rocheau pour présenter les portraits de Olympe de Gouges et Elisabeth Louise Vigée Le Brun sur les murs de la rue Fleuriau à La Rochelle. Une installation visible jusqu’au 20 juin 2021.
Olympe de Gouges et Elisabeth Louise Vigée Le Brun, une installation monumentale dans la rue Fleuriau.
« Le XVIIIème siècle est considéré comme un tournant de l’histoire de France. Il voit la fin de l’Ancien Régime.
La monarchie laisse place à l’avènement progressif de la République et de ses idées émancipatrices : universalisme, justice, tolérance, souveraineté du peuple, et mise en exergue des arts et des savoirs : la démocratie en gestation.
D’un point de vue artistique c’est aussi le siècle du portrait. Ces portraits qui nous permettent aujourd’hui d’appréhender les mouvements du temps.
Montesquieu, Voltaire, Rousseau et Diderot, Quentin de La Tour ou Rigaud dans le domaine des arts…Autant de portraits, d’autoportraits, ou de bustes sculptés…masculins….La période laisse volontairement la place des femmes en retrait.
Pourtant quelques figures féminines, venues principalement des classes sociales élevées, émergent à force de combat et d’abnégation. Et dans ce siècle de révolution(s), je distingue, dans un choix de cœur, deux femmes aux convictions et aux parcours différents : Olympe de Gouges et Elisabeth Louise Vigée Le Brun.
Deux femmes dans le siècle. Deux engagements politiques diamétralement opposés. Deux parcours pionniers dissemblables mais émancipateurs qui chacun à leur manière, ont laissé une trace indélébile dans l’Histoire.
Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, Olympe de Gouges est de tous les combats politiques. Elle milite ardemment autour de l’émancipation féminine (on lui doit notamment une « déclaration des droits de la femme et de la citoyenne», qui lui coutera sa tête, en 1793). Droit de l’hommiste, elle s’oppose ouvertement à l’esclavage ou à la peine de mort. Elle est également l’une des premières à penser concrètement la démocratie. Olympe de Gouges est une figure centrale de la révolution Française dont les combats contre toutes les injustices annoncent ceux de notre siècle.
Elisabeth Louise Vigée Le Brun pour qui « peindre et vivre n’a jamais été qu’un seul et même mot » est la grande portraitiste de son temps. Son style fait d’invention et d’audaces picturales inédites la rend très en avance sur son temps. En cette fin du XVIIIème siècle, son extraordinaire talent et sa carrière exceptionnelle en font un témoin privilégié des bouleversements de son époque. Elle reste une des rares artistes à avoir connu la gloire dans un milieu dominé par les hommes. Elle fut largement soutenue par la monarchie d’Europe qui constitue presque paradoxalement un âge d’or de la peinture féminine. Vigée Le Brun qui revendique son statut de peintre, participe largement à cette prise de conscience.
On mesure, à la lueur de ces deux parcours de vie, ancrés dans le siècle, les soubresauts du temps.
On comprend également tout ce qu’il fallu de courage à ces deux femmes pour faire entendre et voir leurs idées, leurs talents et mettre finalement le féminin sur orbite.
Ces deux portraits, qui prennent place dans la rue Fleuriau pour le printemps du même nom, leur rendent évidemment hommage.
Ils sont pour moi comme un symbole, celui d’une histoire qu’il nous faut lire et assumer. Quoi de mieux qu’un acte artistique pour le faire ? Vive le Printemps ! » Olivier ROCHEAU, Avril 2021
Olivier Rocheau, biographie
Olivier Rocheau est né en 1975 à la Rochelle.
Plasticien, son travail est déjà reconnu et a été gratifié par de nombreuses expositions / installations (en France et en Allemagne), prix et commandes (privées/publiques). Ses œuvres, immédiatement reconnaissables, hors normes, colorées, généreuses offrent différents niveaux de lecture et dégagent toujours un sentiment très fort…Elles interrogent matières et couleurs entre abstraction et esthétisme…
Cette écriture spontanée, qui joue avec les codes de l’enfance donne à voir, paradoxalement, un univers abouti, sophistiqué, rigoureux. L’artiste met en forme, met en place, via un vocabulaire particulier, une architecture, une ossature, dans leurs plus stricts dénuements… Entre ascèse et flamboiement, un « monde » cohérent, toujours renouvelé qui prend tournure entre la sculpture et l’installation.
Suivez l’actualité de Olivier Rocheau sur son site et sa page Facebook.
Le Printemps Fleuriau
Le Printemps Fleuriau est un festival organisé par les galeries d’art de la rue Fleuriau à La Rochelle durant les mois de mai et juin : la Mini Galerie, La Galerie Julie Bazin, Galerie de Marc Coroller et la galerie Printemps. Pour cette deuxième édition, l’idée était de reprendre l’imagerie des cannes à sucre (voir édition 2018) avec une contrainte supplémentaire : utiliser un portrait en linogravure créé par un des artistes invités. Cette édition s’inscrit dans l’organisation d’événements par la ville de La Rochelle sur la thématique de l’esclavage.
Suivez l’actualité du Printemps Fleuriau sur son site et sa page Facebook.