Les corps dans l’espace de Melania Avanzato
La Galerie photographique du Carré Amelot, centre culturel de la ville de La Rochelle présente du 16 mars au 28 mai 2022 l’exposition Nos corps dans l’espace, un travail réalisé en 2021 par la photographe Melania Avanzato lors de sa résidence à La Rochelle.
L’histoire de Nos corps dans l’espace démarre à Lyon, ou réside Melania Avanzato. Alors qu’elle a l’habitude de parcourir de nouveaux territoires, elle décide en 2018 de prendre le temps de regarder son propre environnement. Dotée d’un fort tropisme pour Michelangelo Antonioni et d’un amour général pour le cinéma italien du milieu du XXe, la photographe choisit Confluence. Elle arpente ce vaste espace postindustriel, complètement transfiguré depuis les années 2000 par un renouvellement urbain très contemporain.
Empreinte des travaux sur le genre dans la ville, comme ceux des sociologues Chris Blache et Pascale Lapalud, Melania Avanzato observe à Confluence comment les hommes et les femmes investissent l’espace urbain. Elle les questionne. Elle s’aperçoit que les hommes et les femmes en ont un usage très différent : plus utilitaire pour celles-ci, qui flânent très peu, ne s’arrêtent pas sur un banc public, veulent éviter d’être importunées. La question est posée : le béton, les nouvelles constructions, l’architecture contemporaine foisonnante, la ville en urbanisation… et les corps dans tout ça ? Et les corps des filles en particulier ?
La ville est pensée par des urbanistes, qui, bien que contemporains, n’ont pas intégré la question du genre. Si la ville est faite pour les hommes, quelle est alors la place du corps féminin ? En résidence à La Rochelle, Melania Avanzato a poursuivi cette réflexion en s’attachant particulièrement à une catégorie peu visible, peu représentée, peu connue et pourtant bien active : les skateuses.
Dans ses travaux Melania cherche à déconstruire le « Male Gaze » – ce regard masculin -, particulièrement présent quand il s’agit de représentation des skateuses. De manière générale, la photographe traverse les notions de genre, de classe, de nationalité, de génération, pour proposer un autre regard, d’autres représentations, dans ses portraits comme ses images de paysages.
Inventé par des surfers dans les années 70 aux États-Unis, le skate devient une discipline urbaine à partir des années 80. La mutation s’accompagne de phénomènes de groupe, d’identification et de démonstration dans l’espace public. Le skate est un défi pour le corps. C’est une pratique presqu’exclusivement masculine. La plupart des collectivités publiques construisent aussi depuis quelques années des skateparks et city-stades, plutôt placés dans des quartiers prioritaires de la ville, pour offrir une occupation sportive et constructive aux « jeunes ». A priori accessibles à tous, dès l’adolescence les filles s’effacent de ces espaces dédiés aux sports et se tournent vers l’intérieur, comme l’évoque Edith Maruejouls dans ses travaux.
Aujourd’hui, quelques filles s’adonnent au skate. Elles sont ultra minoritaires. Elles ont pleinement conscience qu’elles se trouvent sur un territoire masculin. Mais elles sont bien présentes et complètement adaptées à l’environnement urbain. Lorsqu’en 2021 le skate devient discipline olympique, la championne du monde féminine a 13 ans. Toutes ne cherchent pas la compétition, mais plutôt la sensation de liberté.
A La Rochelle, Melania a rencontré des skateuses et a aussi interrogé leurs mobilités, leurs heures de présences dans la rue, leur occupation du territoire… La ville des skateuses propose une carte mentale originale, faite de « revêtements » et de « spots ». Le skate est une pratique de mouvement : un corps dans l’espace et dans le temps. Un « corps urbain ». Les filles sont en reconquête de ces espaces. D’ailleurs Melania Avanzato a choisi une image prise la nuit, cet espace source de multiples peurs fantasmées, pour terminer l’accrochage. Il n’y a que des filles dans Nos corps dans l’espace, sur fond de skateparks ou d’autres spots, cette inversion des proportions créant une sorte d’étrangeté qui cherche provoquer quelque chose.
Melania Avanzato, biographie
Melania Avanzato est née sur les rives de la Méditerranée, de parents italiens, et a grandi entre deux pays.
Le déracinement et le voyage la mènent naturellement à se servir très tôt de l’image comme accessoire de mémoire.
Après des études d’Histoire puis de Photographie, elle exerce son amour du portrait pour la presse, en agence, et travaille également en indépendant comme photographe et vidéaste, partout où les images la mènent.
Ses travaux sont représentés en galerie et ses séries, en constante évolution, continuent de filtrer son monde, sous influence de tout ce qui l’entoure et la nourrit.
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Nos corps dans l’espace, infos pratiques
Exposition du 16 mars au 28 mai 2022 – Galerie photographique Carré Amelot, Centre Culturel de la Ville de La Rochelle – 10 bis rue Amelot à La Rochelle
Entrée libre et gratuite mardi/jeudi/vendredi 13h-19h, mercredi 10h-19h, samedi 14h-18h / Fermé du 19 au 25 avril 2022 inclus
Vernissage le mercredi 16 mars 2022 à partir de 18h30 en présence de l’artiste.
Rencontre avec l’artiste et visite interprétée en Langue des signes vendredi 18 mars à 18h30 Carré Amelot / Gratuit – Réservation 05 46 51 14 70
Visites commentées gratuites pour les groupes sur rendez-vous contact.carre-amelot@ville-larochelle.fr – 05 46 51 79 15
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