Stranger Things à La Rochelle
Dans le cadre de leur programmation culturelle 2019, le Centre des monuments nationaux et la Ville de La Rochelle invitent le Fonds Régional d’Art Contemporain Poitou-Charentes à investir la tour de la Lanterne et la chapelle des Dames Blanches du 9 novembre 2019 au 5 janvier 2020 avec l’exposition Stranger Things
La Tour de la Lanterne et la Chapelle des Dames Blanches accueillent une trentaine d’œuvres issues de la collection du Fonds Régional d’Art Contemporain Poitou-Charentes des artistes suivants : Delphine Coindet, Edi Dubien, Grégory Durviaux, Théodore Fivel, Sara Holt, Martin Honert, Sarah Jones, Jacob Kassay, Myriam Mihindou, Tania Mouraud, Hermann Pitz, Daniel Schlier, Nathalie Talec, Patrick Tosani et Erwan Venn.
Strangers Things est une exposition qui se déroule dans ces deux lieux patrimoniaux qui se veulent en dehors du temps et de la réalité.
L’idée était séduisante et les lieux sont d’exception, mais il fallait tout de même trouver comment organiser la rencontre entre une collection d’art contemporain, une architecture de défense et une ancienne chapelle. Et pourquoi pas tout simplement accentuer l’étrangeté du rendez-vous ? L’idée de Stranger Things était née. En plus d’être des sites patrimoniaux participant à la richesse historique et architecturale de la ville de La Rochelle, la Chapelle des Dames Blanches et la Tour de la Lanterne partagent une capacité propre aux lieux d’histoire : celle de nous faire basculer en dehors du temps et en dehors du monde. Chargés de leurs propres récits, ils ont la faculté lorsqu’on les pénètre de susciter projections, fantasmes, spiritualité. On trouve là un environnement propice et des récits en creux, il ne reste finalement plus qu’à habiter ces décors pour en renforcer le caractère mystérieux.
Atypiques, poétiques, indéfinissables, envoûtantes, telles sont les caractéristiques des habitantes qui viennent peupler les lieux. Ces habitantes, ce sont les œuvres, renfermant en chacune d’elles l’individualité et l’univers inspiré de leur créateur et de leur créatrice. Et cet univers, lui, est peuplé de personnages le plus souvent insaisissables. Myriam Mihindou capture une danse mystique, proche de la transe collective. Tania Mouraud nous plonge au coeur des mystères de la vie nocturne en compagnie de personnages indéfinissables et flous. Du flou, encore, dans la photographie de Patrick Tosani qui parvient à réduire image et langage au mutisme le plus total. Erwan Venn réalise à la mine des portraits d’enfants aux pouvoirs télékinésiques quand Martin Honert produit des sculptures d’enfants de coeur privés d’yeux. De jeunes garçons aussi chez Edi Dubien, graves et mélancoliques. Ils semblent d’ailleurs faire écho au spleen des adolescentes que Sarah Jones met en scène dans des intérieurs un peu trop guindés. Une population étrange donc, placée sous l’aura du sphinx de Théodore Fivel et des idoles aux accessoires énigmatiques de Daniel Schlier.
Autour de cette galerie de portraits gravite un environnement chamboulé. Des jeux de reflets d’abord, avec des effets de miroirs chez Tania Mouraud et Jacob Kassay qui transforment le réel en un double vaporeux, aveugle et méconnaissable. Même la fenêtre de Grégory Durviaux n’ouvre plus sur le monde connu. L’espace y est aplani et réduit à la bichromie.
De son côté, la nature prend des atours inquiétants. Les photographies de Nathalie Talec exposent des contrées éloignées aux conditions extrêmes, décrivant des paysages graves aussi majestueux qu’inhospitaliers desquels émane un silence assourdissant. Hermann Pitz, quant à lui, bascule les surfaces, brouille les échelles et se joue des gouttes d’eau qu’il transforme en de solides volumes. Patrick Tosani, lui aussi, s’amuse de la pluie qu’il semble plier à sa volonté dans son atelier. Les ciels eux-mêmes semblent joueurs et, capturés par Sara Holt, affichent des mots lumineux (« Why », « N », « ear ») dans l’encre sombre de la nuit. Des énigmes que le « X » géant et sculptural de Delphine Coindet ne fait que renforcer.
Tel un générique, ces quelques mots vous invitent à rentrer dans Stranger Things. Un monde étrange dont le titre emprunté à une série populaire laisse penser qu’il n’est pas plus difficile de se laisser emporter par une exposition que par une fiction, pourvu que les éléments qui la composent soient adéquats au récit proposé.
Le visiteur est invité à vivre une expérience hors du commun avec la présentation d’œuvres contemporaines (photographies, sculptures, installations, dessins), autour de l’étrange et du rêve, laissant la part belle à l’imaginaire.
Aujourd’hui, grâce et à travers l’art contemporain, la Tour de la Lanterne et la Chapelle des Dames Blanches retrouvent leur fonction primitive de « guide » spirituel par l’Art.
Autre point commun : les deux lieux sont confinés (aliénant et lieux de solitude) et portent l’Ailleurs en eux : l’ailleurs des horizons lointains à la Lanterne et l’ailleurs du divin à la Chapelle.
Les étranges phénomènes et les œuvres étranges présentées aujourd’hui dans deux lieux différents symbolisent tout cela : partir, voyager, fuir, découvrir, croire, imaginer, deviner, penser, créer, …et laissent place au Stranger Things…
Exposition du 9 novembre 2019 au 5 janvier 2020 à la Tour de la Lanterne
Ouvert du 1er octobre au 31 mars, tous les jours de 10h à 13h et de 14h15 à 17h30 – Fermé le 1er janvier et tous les premiers lundis de chaque mois – Plein tarif : 6 € – Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans ressortissants de l’Union Européenne, personne handicapée et son accompagnateur, demandeur d’emploi sur présentation d’une attestation de moins de 6 mois
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Exposition du 9 novembre 2019 au 5 janvier 2020 à la Chapelle des Dames Blanches
Ouvert du mercredi au dimanche de 15h à 19h et mercredi et samedi matin de 10h30 à 12h30 – Fermeture exceptionnelle les mercredis 25 décémbre et 1er janvier – Tarif : Entrée libre
Chapelle des Dames Blanches 23 quai Maubec – La Rochelle 05 46 51 53 78
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Les Fonds Régionaux d’Art Contemporain sont des collections publiques d’art contemporain initiées il y a 35 ans dans le cadre de la politique de décentralisation pour permettre une proximité de l’art contemporain dans chaque région de France. Chacun des 23 FRAC possède une histoire et une collection qui lui confèrent une identité singulière.
Le FRAC Poitou-Charentes s’organise en 2 sites : administration, centre de documentation et espace d’exposition à Angoulême ; réserves et espace d’expérimentation à Linazay
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