
Exposition sur Les Mascarets
Intermondes – Humanités océanes à La Rochelle présente Les Mascarets, « Pororoca Sans Pardon » par Guilherme Ferreira (Brésil) et « Submersion intemporaire » par Eloïse Nguyen-Van Bajou (France) du 4 août au 19 septembre 2025.
Cet été, Intermondes accueille deux artistes en résidence autour des mascarets, cette vague spectaculaire née de la rencontre entre fleuve et océan.

Guilherme Ferreira © Tous droits réservés
« Pororoca Sans Pardon » s’intéresse au phénomène naturel du mascaret (nom français équivalent à pororoca en portugais-brésilien). Il s’agit des vagues énormes et agitées provoquées par la rencontre entre les eaux douces du fleuve et l’océan, qui modifient abruptement le paysage en envahissant les berges et emportant avec elles tout ce qui se trouve sur son passage: la terre, les feuilles, les branches.
La pororoca se manifeste d’abord par un grondement lointain — à l’origine de son nom en tupi, tronc linguistique regroupant plusieurs langues indigènes d’Amérique du Sud —, puis transforme soudainement ce qui semblait jusqu’alors immuable. Ces vagues troubles et boueuses sont chaotiques et orageuses. Ce phénomène est particulièrement connu au Brésil à l’embouchure du fleuve Amazone, tandis qu’en France les mascarets les plus connus se trouvent en Nouvelle-Aquitaine, notamment dans la ville de Saint-Pardon.
Pour ce projet, l’artiste envisage d’explorer les sens et les imaginaires politiques, sociaux et écologiques que ce phénomène peut nous évoquer au travers des peintures et objets en rapport avec l’architecture du centre Intermondes.

© Eloise Bajou
Eloïse Nguyen-Van Bajou aka ELBA est accueillie pour la seconde fois en résidence à Intermondes. L’œuvre d’ELBA interroge la relation entre l’homme, la modernité et l’environnement à travers un « street-art de plage » basé sur le recyclage des déchets nautiques et photographiques. En transformant ces rebuts en sculptures et installations, elle met en lumière l’ambivalence entre fascination et prédation de l’homme envers la nature. Son usage de la résine, matériau emblématique du surf, souligne la contradiction entre esthétique et pollution. Inspirée par le street-art et la culture DIY, ELBA propose des installations immersives et accessibles qui suscitent une réflexion sur la surconsommation et l’écologie, tout en explorant la possibilité d’une transformation durable et d’une réconciliation avec l’environnement.
Biographie des artistes
ELBA Eloïse Nguyen-Van Bajou

Eloise Bajou © Stéphane Klein
ELBA Eloïse Nguyen-Van Bajou est une photographe plasticienne née en Gironde, entre vignes et océan.
Elle débute sa carrière dans le photojournaliste et réalisé un reportage sur « Le Signal » qui, dès 2014, traite de l’érosion du littoral en Nouvelle-Aquitaine.
En 2018, l’artiste quitte sa station balnéaire et sa pratique prenne un tournant plus artistique. Le deuil d’une vie près de l’océan et le tri du déménagement mettront entre ses mains un stock de tirages d’exposition abîmés et les restes de matériaux issus de la rénovation de son bateau. Ces déchets assemblés donneront ses premières photos résinées.
ELBA commence à récupérer les déchets issus de la fabrication de planches de surf et sculpte de petites vagues qu’elle met en boîte, comme des doudous à emporter, à la fois rassurantes et questionnant l’éphémérité et l’appropriation de la nature ou la dégradation des liens humains dans un contexte de crise environnementale. La reconnaissance dans le milieu du surf-art est immédiate. Elle est invitée régulièrement dans des festivals tels que le Gliss’art, l’Ocean Dream Festival ou le week-end de la Glisse et travaille actuellement sur le thème du mascaret.
Guilherme Ferreira

Guilherme Ferreira © Intermondes Humanités océanes
Né à São Caetano do Sul au Brésil en 1995, Guilherme Ferreira vit et travaille à Paris. Il est diplômé d’une Licence en Arts Visuels à l’École des Communications et des Arts de l’Université de São Paulo comprenant un échange académique à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Bordeaux (en 2020). Il réalise des dessins, des peintures et des installations de graphite sur papier, qui évoquent des éléments industriels et architecturaux tels que des façades de bâtiments, ornements et garde-corps. Des formes qui médiatisent les connexions entre l’espace intérieur et extérieur, comme une « peau », qui nous permettent de voir ce qui se trouve à la surface et, au contraire, semblent cacher ou empêcher une vision complète de ce qui est dedans. Sa pratique artistique récente s’articule autour du papier – des feuilles A4 remplies une à une avec de la mine de plomb, puis regroupées pour former des installations. Il explore les relations entre la surface en deux et trois dimensions, comme une sorte de relief. Ces travaux sont éphémères, en raison de la fragilité du papier et du caractère in situ. Guilherme Ferreira interroge également, à travers des livrets, le lien entre le travail plastique et l’écriture fictionnelle, en étudiant les points de convergence entre l’écriture et les photographies des travaux d’installation dans une approche quasi documentaire.
En 2023, le jeune artiste brésilien remporte le second Prix du concours d’affiches organisé par Intermondes à l’occasion des 20 ans du centre et qui offre une résidence de plusieurs semaines à La Rochelle. La même année, Guilherme Ferreira obtient également la Bourse Reynal lui permettant de réaliser en 2024 l’exposition « Casca Grossa et Bochecha Inchada » à Bordeaux. Depuis septembre 2024, Guilherme Ferreira a intégré l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Il y mène une recherche autour du leurre – un artifice destiné à attirer l’attention et à tromper – et j’analyse son rapport avec certaines œuvres d’art. Le terme leurre évoque les notions de piège, de dissimulation et de capture, où l’apparence initiale de l’objet vise à masquer un objectif caché.
Regards sur Les Mascarets, infos pratiques
Exposition présentée du 4 août au 19 septembre 2025.
Entrée libre du lundi au vendredi de 14h à 18h – Intermondes humanités océanes – 11bis rue des Augustins à La Rochelle