De la fécondité de la ruine
Elyssa Sfar, présidente du Fonds de dotation Encore !, Salimata Diop, commissaire d’exposition, vous convient à l’exposition collective « de la fécondité de la ruine » du 6 au 21 septembre 2025.

Nostalgiques d’une plénitude à jamais perdue, les fragments d’une ruine – histoire(s), souvenirs, débris et particules de matière – jamais ne s’avouent vaincus. Au-delà du vestige, la ruine est mutine. Elle est la catharsis, l’oracle, le terreau de la forme à naître.
Les portes d’ordinaire closes nous invitent aujourd’hui à redécouvrir un espace qui interroge sa propre finitude. Un Hôtel de Craon aux murs écaillés qui a repris vie. Le temps d’une résidence, cinq artistes aux pratiques singulières et dissemblables se rejoignent dans une exploration commune de ce qui persiste, se recompose et germe au cœur même de l’effondrement. L’exposition qui en résulte est un dialogue entre les œuvres et l’esprit du bâtiment, une exploration des décombres sous toutes leurs formes : intimes, historiques, matériels et sociétaux.

Hôtel de Craon La Rochelle © Romuald Augé
De cette expérience partagée émergent des œuvres qui sondent nos mondes éclatés. L’exploration commence avec l’archéologie personnelle de Thomas Cap de Ville, qui achève ici un cycle de douze livres-archives, acte cathartique où il recompose son identité à partir des fragments d’une jeunesse en marge. Cette quête de soi trouve un écho dans les corps-frontières de Sheelinda Rabaté, dont les sculptures de peaux et de bouches interrogent la fragilité de notre enveloppe face au regard de l’autre et au fracas de notre monde.
La focale s’élargit avec Carlota Sandoval Lizarralde, qui fait jaillir des flux de couleurs sur l’ossature nue d’un échafaudage, métaphore d’une identité en construction, où la greffe culturelle vient rendre vie au squelette architectural. Céleste Richard Zimmermann, quant à elle, s’empare des symboles de pouvoir pour les rejouer en fables tragi-comiques. Sa colonne brisée, vivante, devient un signe de défiance, tandis que ses chiens fossilisés, inspirés par l’histoire du lieu, se font les gardiens mélancoliques d’une autorité évaporée. Enfin, Hanna Dubey pousse l’interrogation jusqu’au point de fusion de la matière. Ses peintures nous confrontent à la beauté sublime et angoissante de paysages d’après la catastrophe, et posent la question d’une fin ou d’un commencement.
« De la fécondité de la ruine » ne propose pas le réconfort d’une reconstruction achevée, mais une immersion dans le processus même de la renaissance. L’exposition invite à habiter la fissure, à observer ce qui pousse dans les brèches du monde. Salimata Diop
« de la fécondité de la ruine », les artistes
Sheelinda Rabaté

Sheelinda Rabaté interroge les frontières entre intime et espace public.
Par le moulage de fragments corporels, elle met en jeu les rapports de pouvoir liés au regard, à l’image de soi et à la proximité physique.

© Sheelinda Rabaté
Céleste Richard-Zimmermann

Céleste Richard-Zimmermann déploie une pratique transversale qui interroge les imaginaires populaires et le grotesque comme miroir critique de nos sociétés.

© Céleste Richard-Zimmermann
Thomas Cap de Ville

Thomas Cap de Ville compose des installations comme des autels de mémoire, où objets intimes, dessins et photographies racontent une génération marquée par la contre-culture.

© Thomas Cap de Ville
Hanna Dubey

Hanna Dubey travaille la peinture comme un espace de tensions et de mémoires sensibles. Ses compositions évoquent l’absence, la perte et la vulnérabilité, dans une matière à la fois physique et mentale.

© Hanna Dubey
Carlota Sandoval Lizarralde

Carlota Sandoval Lizarralde explore les expériences de migration et d’appartenance. Sa recherche questionne les identités hybrides et les territoires affectifs.

© Carlota Sandoval Lizarralde
« de la fécondité de la ruine » Commissariat d’exposition

Salimata Diop © Adriano Redondo Roman
L’exposition collective de fin de résidence, prévue en septembre, sera placée sous le commissariat de Salimata Diop, critique d’art, curatrice et compositrice franco-sénégalaise.
Ancienne directrice artistique de Africa Centre (Londres), de la foire AKAA (Paris), et plus récemment de la Biennale de Dakar 2024 (« The Wake / Xàll wi »), elle figure au Palmarès des Femmes de Culture 2024 du Palais de Tokyo.
Engagée dans la défense des récits pluriels, des dialogues interculturels, et d’une relecture critique de l’histoire de l’art, Salimata Diop accompagnera les artistes dans la conception d’une exposi-tion en écho aux enjeux contemporains et à leurs pratiques.
Elle réside aujourd’hui à La Rochelle.
« de la fécondité de la ruine , L’exposition

© Encore ! Fonds de dotation Groupe Chessé
Exposition du 6 au 21 septembre Hôtel de Craon, 2 place Verdun – La Rochelle
En amont du vernissage, une rencontre publique avec les cinq binômes artistes/critiques se tiendra à14h30 à la CPES-CAAP Valin (Classe Préparatoire aux Etudes Supérieures – Classe d’Approfondissement en Arts Plastiques), rue Henri Barbusse à La Rochelle.

Ce projet est rendu possible grâce au soutien de Encore ! Fonds de dotation Groupe Chessé, de la Ville de La Rochelle, de la CPES-CAAP Valin et Documents d’artistes de Nouvelle-Aquitaine.

Elyssa Sfar assure la présidence d’Encore ! Fonds de dotation Groupe Chessé. Suivez l’actualité sur son site et Instagram.




