Marguerite La Rochelaise a eu le plaisir de rencontrer Daniele Genadry, artiste libanaise en résidence au Centre Intermondes de La Rochelle et découvrir la préparation de ses créations « Still Signac, Signac Still ».

Cette exposition devait être présentée à la Chapelle Des Dames Blanches dans le cadre du Festival ZERO1 – La Rochelle du 31 mars au 4 avril 2021. Malheureusement l’installation à la chapelle des Dames Blanches n’a pas été possible suite à des restrictions sanitaires…

Faute de ne pouvoir être exposées à La Chapelle des Dames blanches les créations de Daniele Genadry seront exposées au Centre intermondes à partir du 25 mai prochain ! En espérant que les restrictions sanitaires s’assouplissent…

Daniele Genadry, en quelques mots

Danièle Genadry travaille avec différents médias pour observer comment la distance, la lumière et le mouvement affectent les expériences visuelles. Sa pratique s’articule autour de la relation entre la peinture et la photographie, et à travers elle, elle considère le potentiel d’une image à générer sa propre temporalité (lumière), et comment un champ de vision médiatisé peut sensibiliser notre perception.

Signac Still, Still Signac

« On peut penser cette reprise de L’entrée du port de la Rochelle par Paul Signac comme une tentative dans la voix de la mise en place d’une peinture électronique. Paul Signac construisait ses tableaux en utilisant la palette simplifiée, constituée des couleurs du spectre solaire, et visait à un maximum de coloris et de luminosité grâce au contraste simultanée des couleurs et au mélange optique. En cela, les briques colorées de Signac entraient directement en contraste alors que les plages lumineuses de l’ensemble du tableau s’exprimaient par ces même teintes et tons colorés.

La touche divisée de la couleur soulignait quant à elle les lignes qui scandent la composition du tableau. En bref, avec Signac on a un système unifié du collorisme où lumière, lignes et teintes fusionnent dans une harmonie régie par les lois du contraste simultané. L’intervention de Daniele Genadry sur le tableau de Signac revient d’abord à dissocier la lumière de la couleur mais aussi à dissocier la teinte du ton. Les teintes sont repoussées en bordure du tableau, réduites à de simples qualités, et acquérant en cela un rôle mnésique qui évoque le coloris du tableau de Signac et un rôle optique qui cadre l’intérieur diaphane du tableau.

Rejetée en bordure, la couleur perd aussi sa fonction tonale, cette fonction est maintenant portée par la lumière où les différentes intensités lumineuses qui parsèment le tableau de Daniele Genadry reprenant la saturation et la luminosité des couleurs de Signac. Le luminisme de Daniele Genadry s’opposerait ainsi au collorisme de Signac. Cette opposition se fait sentir aussi dans la temporalité de la perception picturale. Alors que chez Signac on assiste à une sorte d’ouverture symphonique qui percute le spectateur en un seul coup, l’image chez Daniele Genadry prend son temps à se faire, elle consiste en une image lente qui se construit non par le mélange optique intense dans l’œil du spectateur mais par l’adaptation de cet œil à l’intensité lumineuse. Perception lente qui progressivement, par contraction de l’iris, fait advenir l’image depuis la zone diaphane centrale : on commence à distinguer le pan d’un mur, le côté d’une barque, le gonflement d’un nuage…

Un flux lumière à variation intensive interne est ainsi encadré par une strate colorée, début de la séparation des éléments qui constituaient la peinture harmonique classique de Signac, sorte de dodécaphonisme de la peinture. On peut en cela imaginer, peut-être, un nouveau collorisme où un flux de variations colorées développera son plan et se mettra en rapport de résonnance avec un flux de lignes et un autre flux de variations lumineuses. En cela la couleur serait libérée, non pas en tant qu’elle atteint sa plus haute luminosité et coloration comme chez Signac, mais en tant qu’elle se délie dans la mesure où elle ne compose plus un contraste harmonique avec une autre couleur, mais parsème une plage différentielle de couleurs libres.

© Laurent Vidal

Ces essais sont en cours d’élaboration sur petit format, le fond rose faisant émaner une lumière unie qui porte la couleur vers l’avant plan, la couleur se déliant dans la mesure où les points colorés contrastent localement avec le même fond rosâtre et non plus entre elles. Ils restent que toutes ces recherchent s’élaborent autour d’une analyse du système harmonique de Signac, l’analyse étant ici prise au sens littéral : séparation la lumière des plages lumineuse pour la rendre à une variation intensive pure, séparation de la couleur du contraste pour atteindre à une variation déliée de la couleur, séparation les lignes de la composition par la reproduction de l’image et le cliché. L’effet global de cette déconstruction du tableau de Signac en produise une doublure lente, comme si les mouvements et les vibrations intenses de Signac se sont figés dans une coupe temporelle, un lento, un instantané mouvant, une sorte de photographie de la peinture par la peinture. » Fares Chalabi

Biographie de Daniele Genadry

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Daniele Genadry vit et travaille au Liban et enseigne à l’Université américaine de Beyrouth. Elle a étudié au Dartmouth College, dans l’état du New Hampshire et à la Slade School of Art, à Londres.

Elle a participé à des résidences au Bronx Museum, à l’Anderson Ranch Art Center (États-Unis), à la Fondazione Ratti (Italie) et au Frans Masereel Centrum (Belgique). En 2013-2014, elle obtient la bourse de la Fondation Bogliasco (Italie, 2019).

Elle a récemment exposé au Beirut Art Center, au MUCEM, à la Sharjah Biennial 13, à la Biennial del Sur, au Sursock Museum, à la Gypsum Gallery, à la Taymour Grahne Gallery, au SMBA, au Bronx Museum et à la Fondazione Pastificio Cerere.

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© Laurent Gaigner

Une résidence au Centre Intermondes en partenariat avec l’Institut français du Liban, l’Institut Français, l’Ambassade de France au Liban et Le Géant des Beaux-Arts

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